Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/334

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M. Micawber, qui vint prendre le bras de son compagnon avec un air protecteur, en me disant qu’ils ne s’étaient pas quittés un moment depuis la nuit de l’avant-veille.

Le tableau que j’avais sous les yeux était une scène qui eût inspiré les pinceaux de Van Ostade. Parmi les câbles, les cordages et les gréements du navire, les hamacs des émigrants, les coffres, les malles, les barriques et toutes sortes de bagages qu’éclairait çà et là une lanterne ou le jour jaunâtre auxquelles les écoutilles donnaient issue, — je vis des groupes d’individus de tout sexe et de tout âge, se disant adieu ou faisant connaissance ; parlant, riant, pleurant, mangeant et buvant ; les uns déjà mis en possession des quelques pieds d’espace qui leur étaient attribués, avec leurs petits arrangements de ménage, leurs enfants accroupis, sur des tabourets ou dans des fauteuils en miniature, les autres, désespérant de trouver un emplacement pour s’y établir et errant d’un air désolé. Depuis les enfants qui, quinze jours ou six semaines auparavant, n’étaient pas nés encore, jusqu’aux vieillards qui semblaient n’avoir plus que quinze jours à vivre ; depuis les laboureurs portant encore à leurs souliers la boue du sol d’Angleterre, jus-