Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/336

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m’écriai-je ; « vous l’emmenez avec vous ! »

Martha me répondit par ses larmes. J’étais trop ému pour ajouter une autre parole, et je me contentai de serrer la main de M. Daniel Peggoty. Si j’ai aimé et vénéré un homme du plus profond de mon âme, c’est celui-là !

Les étrangers avaient presque tous quitté le bâtiment ; il me restait la plus cruelle épreuve. Je dis à M. Peggoty ce que Cham, ce noble cœur, m’avait chargé de lui répéter… Il en fut troublé au dernier point ; mais je le fus plus que lui encore, quand il me chargea de porter en retour un message d’affection et de douleur à celui qui ne pouvait plus m’entendre sur la terre.

L’heure du départ était sonnée ! J’embrassai M. Peggoty et entraînai vivement sa sœur, ma vieille bonne. Sur le pont, je pris congé de Mrs Micawber, qui, en ce moment, cherchait encore des yeux un membre de sa famille :

« — Ah ! » s’écria-t-elle, « moi, du moins, je n’abandonnerai pas M. Micawber ! »

J’avais loué, pour être à mes ordres, un bateau de la Tamise : nous restâmes à quelque distance du navire pour le voir appareiller. Le soleil se couchait dans un horizon calme ; nous avions entre nous et ses radieuses clartés