Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/337

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l’édifice flottant qui transportait sous un autre ciel tant de regrets et tant d’espérances. Dans ce milieu lumineux, l’œil distinguait les moindres détails de ses agrès. En ce moment solennel, tout ce qui était doué de vie sur ce beau et triste navire, accourut au bord de la galerie, tête nue, en silence.

En silence pour un moment. Lorsque le vent arrondit les voiles, lorsque le navire commença à se mouvoir, il s’éleva de toutes les embarcations sur la rivière trois acclamations retentissantes, que ceux qui étaient à bord leur renvoyèrent chaque fois comme un écho ; mon cœur faillit se briser quand j’entendis ce concert de voix et vis agiter en l’air les chapeaux et les mouchoirs… Ce fut alors aussi que j’aperçus Émilie !

Ce fut alors que je l’aperçus à côté de son oncle, tremblante, appuyée sur son épaule ; le geste de sa main nous indiquait à l’infortunée… elle nous reconnut aussi, et son dernier adieu me fut adressé. Oui, Émilie, belle toujours dans ton malheur, que ton cœur saignant s’attache à lui avec confiance, car il s’est dévoué à toi avec la sublime abnégation du plus tendre amour de père !

Ce fut ainsi, appuyés l’un à l’autre et debout