Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/338

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur le pont, au milieu de la lumière du soir, qu’ils m’apparurent et disparurent solennellement.

Lorsque nous nous fîmes débarquer pour retourner par terre à Londres, la nuit était tombée sur les collines du comté de Kent… Hélas ! une nuit plus sombre pesait sur mon cœur.

Séparateur



CHAPITRE XVIII.

Absence.


Ce fut une longue et sombre nuit qui m’entoura, une nuit peuplée par les fantômes de toutes mes espérances, de tous mes tendres souvenirs, de bien des erreurs, de bien des chagrins, de bien des regrets inutiles.

Je quittai l’Angleterre, ne sachant pas encore, même alors, de quelle accablante douleur j’avais à porter le poids. Je laissais tous ceux qui m’étaient chers, et je partais, croyant que le coup était reçu et que c’était fini ; mais, comme un homme qui, dans une bataille, frappé soudain d’une blessure mortelle, sent à peine qu’il est atteint, moi de même, en me trouvant seul avec mon cœur insoumis, je commençai à comprendre tout ce que j’avais à souffrir.