Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/340

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mais leur échapper. J’errai d’une ville à l’autre traînant partout mon fardeau ; maintenant que j’en sentais toute la pesanteur, je baissais la tête et je me répétais sans cesse : « Non, rien ne pourra l’alléger. ».

Quand mon découragement était à son comble, je croyais que je finirais par en mourir : alors, tantôt je me figurais qu’il valait mieux aller chercher un cercueil sur le sol natal, et je repartais soudainement dans cette direction pour y arriver à temps ; tantôt, au contraire, je me disais : « Non, allons mourir plus loin encore, » et je poursuivais mon voyage solitaire, sans m’arrêter, cherchant je ne sais quoi et essayant de laisser je ne sais quoi derrière.

Il me serait impossible de retracer, une à une, toutes les phases pénibles de désespoir à travers lesquelles je passai : il est certains rêves qui ne peuvent être qu’imparfaitement et vaguement décrits. Si je m’efforce de revenir sur cette époque de ma vie, il me semble que je me rappelle un de ces rêves. Je me vois voyageant, comme on le ferait dans son sommeil, parmi les curiosités des villes étrangères, les palais, les cathédrales, les temples, les galeries de tableaux, les châteaux, les cime-