Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/346

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je n’aurais pas été ce qu’elle me croyait être ; que je ne l’étais pas, mais qu’elle m’inspirait et que j’essayerais de le devenir.

J’essayai. Trois mois encore, et mon malheur aurait une année de date. Je me promis de ne prendre aucune résolution avant ces trois mois, mais d’essayer. Je vécus pendant ce temps dans la vallée ou dans le village.

Ces trois mois passés, je voulus prolonger encore mon absence. Je me fixai provisoirement en Suisse, ce pays me devenant de plus en plus cher en souvenir de cette soirée. Je repris ma plume, je travaillai.

Je suivis humblement les inspirations d’Agnès. J’étudiai la nature, qu’on n’étudie jamais en vain, et je ne repoussai plus de mon cœur les sentiments de sympathie humaine dont je m’étais d’abord sevré. Au bout de quelque temps, j’eus presque autant d’amis dans la vallée que j’en avais eu à Yarmouth, et quand, avant que l’hiver fût venu, je la quittai pour Genève, la cordialité de ces amis, que je retrouvai encore, au printemps, à mon retour, me toucha comme la voix d’une autre patrie, quoiqu’elle ne s’exprimât pas dans ma langue natale.