Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/351

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C’est ainsi que, tout en décidant que je ne prolongerais pas davantage mon absence, j’étais persuadé qu’il était trop tard… trop tard pour qu’Agnès et moi nous fussions l’un à l’autre autre chose que frère et sœur.

Quelquefois encore, je retrouvais l’écho de ces insinuations vagues et timides de Dora, s’étonnant elle-même que les choses fussent comme elles étaient. Dans mon isolement, en un mot, j’eus le temps de reconnaître comment il se fait que les choses qui n’arrivent jamais sont souvent pour nous, par leurs effets, des réalités égales à celles qui se sont accomplies. Cet avenir que Dora avait prévu, il s’était réalisé pour me punir ; il se serait réalisé même auprès d’elle, si elle eût vécu, un peu plus tôt ou un peu plus tard ! Ce fut là un de ces souvenirs qui contribuèrent le plus à m’encourager dans mes résolutions de désintéressement et de résignation.

Impossible de noter toutes les inconséquences, toutes les incertitudes de ces retours sur le passé, de ces plans pour l’avenir. Ce fut l’aliment de mon imagination pendant mon séjour sur la terre étrangère, séjour qui avait duré trois années, lorsqu’un soir, à la même heure et au même lieu où j’avais dit