Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/354

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pendant j’eus presque de l’humeur en n’apercevant personne qui vînt au-devant de moi… seul, errant et silencieux, à travers les rues humides.

Peu à peu, néanmoins, l’éclairage des boutiques, que je reconnus, fit luire à mes yeux une clarté amie, et, lorsque je descendis au café-hôtel[1] de Gray’s-Inn, je ne boudais plus mon pays natal. Je me souvins du temps où j’avais mis pied à terre dans l’auberge de la Croix-d’Or… Que d’événements et de vicissitudes dans mon existence depuis lors !…

« — Savez-vous où demeure, ici près, dans l’enceinte de Gray’s-Inn, M. Thomas Traddles, avocat ? » demandai-je au garçon en me réchauffant au feu de la salle à manger.

« — Cour d’Holborn, Monsieur, n° 2. 

» — M. Traddles, je crois, est un des avocats qui commencent à avoir du renom ? » demandai-je encore.

« — Probablement, Monsieur, « répondit le garçon ; « mais quant à moi je l’ignore. »

  1. Coffee-House. Dans l’origine, les coffee-houses de Londres n’étaient généralement, comme ceux de Paris, que des cafés où l’on allait prendre le café, le thé, le chocolat, causer, lire les nouvelles, etc ; ils sont devenus des hôtels depuis que les clubs se sont multipliés.