Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/356

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Le garçon, que je supposai avoir vécu quarante ans au moins dans son banc de marguillier, ne pouvait fixer davantage son attention sur un sujet aussi insignifiant ; il me demanda ce que je désirais pour dîner.

Je sentis que j’étais tout de bon en Angleterre, et fus réellement humilié pour le compte de Traddles. Il semblait que tout espoir était perdu pour lui. Ayant commandé humblement un beefsteak et un morceau de poisson, je m’assis devant le feu, méditant sur l’obscurité de mon pauvre ami.

De temps en temps je suivais des yeux le principal garçon, et je ne pouvais m’empêcher de penser que ce n’était pas chose facile de s’élever dans un pays où la coutume et la routine vous opposent une solennité si raide et une lenteur si formaliste. La salle même où j’attendais mon dîner exprimait le respect du passé et de la régularité traditionnelle ; le parquet était sablé exactement, comme il avait dû l’être quand le principal garçon n’était qu’un petit enfant… (si jamais il fut enfant, ce qui paraissait improbable). Plus je regardais les lourdes tables d’acajou qui reflétaient mon visage comme des miroirs, les lampes d’une propreté éblouissante, les rideaux verts sus-