Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/358

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comme un homme qui attendrait plus de vingt ans avant de gagner sa vie.

Le principal garçon avait assez de mes questions sur Traddles, et il ne daigna plus s’approcher de moi, se consacrant à un vieux Monsieur en guêtres qui n’avait pas eu besoin de parler pour qu’une pinte de vin de Porto, première qualité, lui fût servie immédiatement. Le second garçon m’apprit tout bas que ce vieux Monsieur était un notaire retiré, demeurant dans le square voisin, riche à millions, et qu’on croyait qu’il laisserait tout ce qu’il possédait à la fille de sa blanchisseuse. « On prétend, ajouta le second garçon, qu’il garde dans un bureau le plus beau service de vaisselle plaie, tout terni faute d’usage, car on n’en a jamais vu qu’une cuiller et une fourchette… » — Décidément Traddles était un homme perdu !

Cependant, très désireux de revoir ce cher ami, je dînai d’une façon si expéditive que je ne dus pas gagner beaucoup dans l’opinion du principal garçon, et je m’esquivai du côté de la cour d’Holborn. Le n° 2 fut bientôt découvert, et une inscription sur la porte m’indiquant que M. Thomas Traddles avait son étude à l’étage le plus élevé, je m’élançai dans l’es-