Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/369

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rable à mes sentiments, et entreprit d’obtenir le consentement de Mrs Crewler. Ce ne fut pas si facile : c’est une femme supérieure, mais il faut ménager son extrême sensibilité ; tout ce qui la contrarie lui cause une perturbation dans les jambes… 

» — Dans les jambes ? 

» — Oui ; ne vous ai-je pas raconté qu’elle avait perdu l’usage de ses jambes ? 

» — Eh bien ! alors… 

» — Justement, c’est là que le chagrin se fait sentir d’abord, puis lui remonte à la poitrine, et de la poitrine à la tête ; non-seulement cela ne manqua pas cette fois, mais, pour comble de malheur, tout son système en fut ébranlé d’une manière alarmante. Ce ne fut qu’à force de petits soins et d’attentions affectueuses qu’on parvint à la réconcilier avec le mariage de Sophie. Bref, nous avons été unis il y a eu hier six semaines. Vous ne pouvez vous imaginer, Copperfield, quel monstre je parus être à mes propres yeux, quand je vis toute la famille pleurer et s’évanouir autour de moi. Mrs Crewler ne voulut pas me voir avant notre départ ; elle ne pouvait me pardonner de lui dérober sa fille… mais c’est une bonne femme, et elle a fini par ne plus m’en