Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/373

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Plus de douze fois dans la même heure, ce soir-là, Traddles entendit tantôt l’une et tantôt l’autre lui dire : « Frère chéri, apportez-moi ceci, ou ôtez-moi cela ; frère chéri, allez-moi chercher telle chose, ou faites disparaître telle autre. » La douzième fois, le frère chéri était aussi empressé que la première. Sophie ne leur était pas moins indispensable ; elles ne faisaient rien que par Sophie. Les cheveux de Miss Caroline se dénouaient-ils, Sophie seule pouvait les relever artistement sur sa tête ; Miss Sarah ne se rappelait-elle plus certain air, Sophie seule pouvait le fredonner correctement. Miss Louisa cherchait-elle le nom d’un endroit du Devonshire, Sophie seule le savait. Miss Margaret désirait qu’on écrivît quelque chose à son père : Sophie seule pouvait la contenter en promettant d’écrire le lendemain matin avant le déjeuner. Miss Lucy avait manqué un point dans sa broderie : Sophie seule pouvait réparer cette faute. Elles étaient les maîtresses de la maison, Sophie et Traddles les servaient. Je ne saurais imaginer de combien d’enfants Sophie avait pris soin dans son temps, mais elle semblait connaître tous les refrains qu’on a jamais chantés aux enfants d’Angleterre, et elle en chantait une