Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/374

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douzaine dès qu’on les lui demandait, l’un après l’autre, chaque sœur réclamant son refrain favori, et la Beauté de la famille exigeant le sien pour la clôture. Aussi fus-je fasciné par sa voix souple et claire. Le mieux de tout cela, c’est qu’avec toutes leurs exigences, toutes les sœurs avaient réellement beaucoup d’affection et d’égards pour Sophie et Traddles. Quand je pris congé et que Traddles se leva pour m’accompagner jusqu’à mon café-hôtel, c’était à qui l’embrasserait, sans avoir peur de sa chevelure hérissée. Ce fut littéralement une averse de baisers qu’il reçut de la meilleure grâce du monde.

Je lui avais dit bonsoir moi-même que la scène dont j’avais été témoin me charmait encore. La vue de toutes ces têtes fraîches et rieuses dans une étude d’avocat, avait tout-à-coup enchanté pour moi non-seulement ce réduit privilégié, mais tout le quartier de la chicane, avec ses cabinets d’affaires et ses boutiques de livres de droit. Je les ai déjà comparées à un bouquet de roses ; mais un millier de rosiers en fleurs auraient jeté leurs guirlandes sur tous les murs de Gray’s-Inn, que cette décoration printanière ne les eût pas autant embellis aux yeux de mon imagination