Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/375

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que les visages vermeils et le caquetage joyeux de ces aimables filles du Devonshire ; c’était pour moi le contraste le plus original que d’avoir pris le thé avec elles et entendu chanter des refrains de nourrice au milieu d’un chaos de plumes et d’encre, de parchemins et de papiers poudreux, de cire à cacheter et de ficelle à lier les copies, de brefs d’avocat et de mémoires à consulter, de sommations et d’assignations, de rapports et de coûts, etc. J’aurais été moins amusé par un songe où j’aurais vu la famille du fameux sultan des contes arabes se faire inscrire sur le tableau des procureurs et apporter à l’audience l’oiseau parlant, l’arbre chantant et la fontaine d’or liquide. Pour parler sérieusement, je m’aperçus que Traddles m’avait laissé beaucoup moins découragé relativement à lui. Je commençai à penser qu’il finirait par faire fortune, en dépit de tous les principaux garçons des cafés-hôtels de la Grande-Bretagne.

Avant de monter dans ma chambre, je m’assis devant une des cheminées de la salle commune, afin de me livrer à cette nouvelle rêverie ; mais après avoir joui ainsi du bonheur de mon ami, je fis un retour sur moi-même et sur les vicissitudes de ma propre