Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/377

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du feu avec les autres fantômes de ma mémoire.

Dans la pénombre du coin opposé à celui où j’étais, le petit docteur Chillip lisait un journal, le même docteur qui figure dans le premier chapitre de mon histoire. Il avait passablement vieilli depuis tant d’années ; mais, d’un tempérament doux et placide, il portait si bien son âge, que je me figurais qu’il n’avait guère changé depuis la nuit où il attendait, dans le salon de ma mère, que je fusse venu au monde.

M. Chillip avait quitté Blunderstone il y avait six ou sept ans, et je ne l’avais plus revu depuis. Il était tranquillement assis, occupé de sa lecture, la tête inclinée sur le journal et le coude sur la table où le garçon venait de lui verser un verre de vin chaud. Telle était l’expression conciliatrice de sa physionomie, qu’il semblait demander pardon au journal lui-même de la liberté qu’il prenait de le lire.

Je m’approchai de lui et lui demandai :

« — Comment vous portez-vous, M. Chillip ? »

Troublé par cette apostrophe d’un inconnu, il répondit avec sa lenteur polie :

« — Je vous rends grâces, Monsieur ; vous