Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/383

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mable que possible. L’opinion de Mrs Chillip est que, depuis son mariage, elle a perdu toute la vivacité de son esprit et qu’elle a des accès de folie mélancolique. Or, les dames, » ajouta M. Chillip, « ont un rare talent d’observation, Monsieur. 

» — Je suppose, » dis-je, « qu’il a été décidé qu’il fallait dompter et refondre cette infortunée. Dieu ait pitié d’elle, puisqu’elle est tombée en de si cruelles mains ! 

» — Il paraît, Monsieur, » poursuivit M. Chillip, « qu’elle voulut d’abord résister. Il y eut de violentes querelles ; mais elle ne fut pas la plus forte : la sœur vint en aide au frère, et je puis vous dire confidentiellement, Monsieur, que la pauvre femme a été presque réduite à un état d’imbécillité… Ce n’est plus qu’une ombre. 

» — Je n’ai pas de peine à le croire.

» — Je n’hésite pas à dire, entre nous, Monsieur, que sa mère en est morte, et que Mrs Murdstone est sérieusement devenue imbécile par suite de cette tyrannie sous laquelle il lui a fallu plier. C’était une jeune femme vive et gaie avant le mariage, Monsieur ; mais la sombre austérité de son mari et de sa belle-sœur ont étouffé sa vivacité et sa gaieté na-