Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/391

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« — Mais, Trot, mon ami, » dit enfin ma tante, « quand irez-vous à Cantorbéry ? 

» — Ma tante, demain matin ; je me procurerai un cheval. À moins que vous ne vouliez venir avec moi. 

» — Non, » répondit ma tante avec sa précision un peu brusque ; « je prétends rester où je suis. 

» — Alors, je ferai la course à cheval. Je n’aurais pu traverser aujourd’hui Cantorbéry sans m’y arrêter, si c’eût été tout autre que vous que je venais voir à Douvres. 

» — Merci, cher Trot ; mais votre vieille tante aurait pu attendre jusqu’à demain. »

Ce disant, elle porta une main caressante sur la mienne pendant que je regardais le feu d’un air pensif et mélancolique.

Pensif et mélancolique ; car je ne pouvais me retrouver là et si près d’Agnès, sans sentir renaître les regrets qui m’occupaient depuis si long-temps. Il me semblait encore entendre ma tante me répéter : « Aveugle ! aveugle ! aveugle ! » et je la comprenais mieux à présent.

Quand je levai les yeux, après quelques minutes de silence, je m’aperçus qu’elle m’observait avec attention. Peut-être avait-elle suivi le