Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/392

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cours de mes pensées… Ah ! il me semblait qu’il était bien facile de le suivre désormais !

« — Vous trouverez son père un vieillard à cheveux blancs, » dit ma tante, « quoique, sous tous les autres rapports, il ait gagné au changement qu’amènent les années. Il s’est bien corrigé de ce qui fit le malheur de sa vie, et ce n’est plus cet homme qui mesurait à une règle étroite et unique tous les motifs, tous les instincts, tous les plaisirs, tous les chagrins. Quant à Agnès, vous la verrez toujours la même, toujours aussi bonne, aussi belle, aussi affectueuse, aussi désintéressée. Je voudrais la louer plus encore si je savais comment. »

Il n’était pas de plus haute louange pour elle ni de reproche plus cruel pour moi. Ah ! comment m’étais-je fourvoyé si loin ?

« — Que, grâce à ses leçons, les jeunes filles qui lui sont confiées lui ressemblent, » dit ma tante attendrie jusqu’aux larmes, « et Dieu sait si sa vie aura été bien employée ! » « Je serai utile et heureuse ! » nous disait-elle, vous le rappelez-vous ! Comment pourrait-elle être autre chose qu’utile et heureuse ? 

» — Agnès a-t-elle ?… » J’interrompis la