Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/393

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question que j’allais faire, m’apercevant que je venais de penser tout haut.

« — Eh bien ? qu’alliez-vous me demander ? » s’écria ma tante vivement.

« — A-t-elle… quelqu’un qui soit amoureux d’elle ? » dis-je.

« — Elle en a vingt ! » s’écria ma tante avec une fierté indignée. « Elle aurait pu se marier vingt fois, mon cher Trot, depuis votre absence ! 

» — Sans doute, » répliquai-je, « sans doute ; mais en a-t-elle un qui soit digne d’elle ? Agnès ne pourrait faire attention à celui qui ne le serait pas. »

Ma tante se mit quelques moments à rêver, avec son menton appuyé sur sa main ; — puis, relevant lentement la tête et me regardant, elle me dit :

« — Je soupçonne qu’elle a un attachement, Trot. 

» — Un attachement heureux ? » demandai-je.

« — Trot, » répondit ma tante d’un air grave, « je ne sais pas. Je n’ai pas le droit de vous le dire : c’est une chose qu’elle ne m’a jamais confiée, mais que je soupçonne. »

Elle me regarda avec une telle attention et