Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/401

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pouvaient me rappeler mon frère, » ajouta Agnès avec son regard le plus affectueux, « a été pour moi un objet précieux ; même ce petit panier, qui contient encore les clefs de la maison. Je l’ai toujours porté à la ceinture, parce qu’il semble faire résonner un air d’autrefois. »

À ces mots, Agnès, me disant adieu pour retourner à son école, ouvrit la porte par où elle était entrée, et se retira.

Ah ! pensai-je, je dois conserver cette affection de sœur avec un soin religieux ! c’est tout ce qui me reste, par ma faute, mais c’est encore un trésor ; si j’ébranlais les fondements de cette sainte confiance qu’Agnès a en moi, je la perdrais… à jamais. Oui, oui, je le jure, je saurai la respecter… plus je l’aime, moins je l’oublierai.

J’allai parcourir les rues de la ville, et j’aperçus mon ancien ennemi le boucher ; il était devenu un des constables, et son bâton, l’insigne de sa charge, pendait à l’un des crocs de son étal. Je dirigeai ma promenade vers le rempart au pied duquel j’avais lutté avec lui deux fois, tour à tour vaincu et vainqueur. Là, je me rappelai Miss Shepherd, Miss Larkins