Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/402

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l’aînée, toutes mes folles amours, toutes mes antipathies ; mais rien ne semblait avoir survécu aux sentiments de cette époque, rien, excepté celui que m’inspirait Agnès… rien, excepté Agnès elle-même qui brillait au-dessus de moi comme une étoile, toujours plus belle dans la haute sphère où mon regard ne pouvait renoncer à la suivre.

Quand je revins, M. Wickfield était rentré. Il passait une grande partie de la journée dans un jardin situé à deux ou trois milles de Cantorbéry. Je le trouvai tel que ma tante l’avait décrit ; il n’était plus que l’ombre de son beau portrait qui décorait toujours la salle à manger.

Nous nous mîmes à table, pour dîner, avec sept ou huit jeunes filles ; mais, sous l’influence d’Agnès, ce petit monde ne troublait nullement le calme d’une demeure où ma mémoire s’était si souvent réfugiée comme dans un sanctuaire. Le dîner fini, M. Wickfield ne buvant plus de vin et moi n’en désirant pas, nous montâmes au salon du premier étage, où Agnès et ses petites élèves touchèrent du piano, chantèrent, jouèrent et travaillèrent à broder ou à coudre. Après le thé, les jeunes filles nous laissèrent tous les trois,