Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/403

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et nous nous mîmes à causer du temps passé.

M. Wickfield me dit : « — Mon rôle, dans le temps qui n’est plus, m’a laissé bien des regrets… d’amers regrets, des remords même, Trotwood, sachez-le bien ; mais je ne voudrais pas… le pourrais-je vouloir… que ce temps-là n’eût jamais existé. »

Je le crois bien, pensai-je en regardant Agnès.

« — En anéantissant le passé, » poursuivit-il, « j’anéantirais le souvenir de tant de patience et de dévouement, de tant de piété et de tendresse filiales… que je ne saurais m’en priver à aucun prix… non, non, à aucun. 

» — Je vous comprends, » lui dis-je, « je vous comprends. Ce passé est pour moi… ce passé a toujours été l’objet de ma vénération. 

» — Mais personne ne sait, pas même vous, » reprit M. Wickfield, « tout ce qu’elle a fait, tout ce qu’elle a souffert, tous les combats qu’elle a livrés. Chère Agnès ! »

Elle avait posé sa main sur son bras, d’un air suppliant, pour l’empêcher d’en dire davantage… et elle était pâle, très pâle.

M. Wickfield soupira, et je crus deviner qu’il avait fait allusion à un sujet pénible qui devait