Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/404

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avoir quelque rapport direct ou indirect avec ce que ma tante m’avait dit :

« — Trotwood, » reprit-il, « vous ai-je jamais parlé de sa mère, et quelqu’un vous en a-t-il parlé ?

» — Non, jamais. 

» — Ce n’est pas une longue histoire… quoiqu’elle résume de longues douleurs. Elle m’avait épousé en opposition à la volonté de son père, qui la renia pour sa fille. Elle n’avait plus de mère depuis long-temps, et lui, c’était un homme inflexible. Vainement fit-elle tout pour l’attendrir, il la repoussa. Avant qu’Agnès vint au monde, elle implora de nouveau son pardon : il la repoussa encore et lui brisa le cœur. »

Agnès se pencha sur l’épaule du vieillard et passa son bras autour de son cou.

« — Ma pauvre femme, » poursuivit M. Wickfield, « avait un cœur affectueux. Personne ne savait, comme moi, jusqu’à quel point ce cœur était aimant et sensible. Elle avait pour moi un attachement sincère ; mais elle ne connut jamais le bonheur, et elle gémissait toujours en secret de la dureté de son père. Elle languit et mourut, me laissant Agnès, âgée de deux semaines… et ces cheveux blancs que