Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/405

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous remarquâtes lorsque vous vîntes ici pour la première fois. »

Il embrassa Agnès sur le front.

« — Ah ! » dit-il, « j’aimais mon enfant ; mais mon amour pour elle se ressentait du trouble de mon esprit. La perte de sa mère avait altéré ma raison, et je ne sus pas me gouverner moi-même… Mais pourquoi parler de moi ! c’est d’Agnès et de sa mère que je dois vous parler, mon cher Trotwood : vous ne savez que trop ce que j’étais, et ce que je voulais dire d’Agnès, c’est que j’ai toujours retrouvé quelque chose des malheurs de sa mère dans son caractère. Je n’ajouterai rien de plus. »

Il baissa la tête, et ce qu’il venait de dire me sembla rendre plus touchante encore l’expression de la figure angélique d’Agnès, et plus sainte sa piété filiale. Elle se leva, et, allant se placer devant son piano, elle y joua quelques-pua des airs qu’elle nous avait si souvent fait entendre dans le même lieu.

Je m’approchai et me tins debout auprès d’elle

« — Avez-vous l’intention d’aller voyager