Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/406

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encore ? » me demanda Agnès dans l’intervalle de deux airs.

« — Qu’en pense ma sœur ? 

» — J’espère que vous ne voyagerez plus. 

» — Alors, je n’en ai pas l’intention. 

» — Puisque vous voulez savoir ce que j’en pense, » dit-elle, « je crois que vous auriez tort de repartir. Votre réputation croissante et votre succès agrandissent la sphère de votre talent : vous pouvez le diriger vers un noble but, et, si je puis me passer, moi, de mon frère, vos contemporains ne le pourraient pas. 

» — Ce que je suis, c’est vous qui l’avez fait, Agnès, vous le savez bien. 

» — Je vous ai fait ce que vous êtes, moi, Trotwood ? 

» — Oui, Agnès, ma chère sœur, » répondis-je en me penchant sur elle. « Je n’ai pu, ce matin, dans mon émotion, vous exprimer une pensée qui ne m’a plus quitté depuis la mort de Dora. Vous vous souvenez lorsque vous descendîtes de sa chambre et vîntes me trouver, me montrant du doigt le ciel, Agnès ? 

» — Ah ! mon ami, » dit-elle les yeux pleins de larmes, « pourrais-je l’oublier jamais ; pauvre Dora ! si aimante, si confiante et si jeune !