Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/408

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Elle mit sa main dans la mienne, et me dit qu’elle était fière de moi et de ce que je venais de dire, quoique je lui donnasse une louange au-dessus de son mérite ; puis elle se mit à jouer un air sans cesser de me regarder.

« — Le croiriez-vous, Agnès ? » ajoutai-je, « ce que j’ai entendu ce soir, pour la première fois, de la bouche de votre père, m’explique le sentiment que vous m’inspirâtes tout d’abord et que j’éprouvais pour vous quand vous n’étiez que la compagne de mes études et de mes récréations d’écolier. 

» — Vous saviez que je n’avais pas de mère, » répondit-elle, « et j’intéressai votre bon cœur. 

» — Plus que cela, Agnès ! je devinai, sans connaître toute votre histoire, qu’il y avait autour de vous je ne sais quoi de tendre et de sympathique, quelque chose qui, dans une autre, n’eût été que l’expression d’une grande infortune, mais qui était plus que cela en vous… »

Elle se mit à jouer un air en me regardant encore.

« — Trouvez-vous que ce ne soit là qu’un caprice de l’imagination, Agnès !

» — Non !