Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/422

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réglés. « Quel contraste, » dis-je tout bas à Traddles, « entre ces repas copieux, d’une qualité de mets excellente, et le repas… je ne parle pas des pauvres… mais des soldats, des matelots, des ouvriers, des paysans ? Je doute que, dans la masse des classes honnêtes et laborieuses, un homme sur cinq cents ait jamais dîné aussi bien. » Mais on m’apprit que le système exigeait une nourriture substantielle ; et bref, pour tout dire à la fois sur le système, je trouvai que, sur ce chapitre comme sur tous les autres, le système répondait à tous les doutes et expliquait toutes les anomalies. Personne ne paraissait avoir la moindre idée qu’on dût étudier d’autre système que le système.

Pendant que nous traversions quelques-uns des magnifiques corridors de l’établissement, je demandai à M. Creakle et à ses amis quels étaient les avantages supérieurs de ce système par excellence. Ils se résumaient dans le parfait isolement des prisonniers… de sorte qu’aucun de ceux qui habitent là une cellule, ne connaissait l’habitant des autres cellules… et cet isolement parfait s’appelait le traitement moral qui fait passer les prisonniers du calme de la solitude à la contrition et au repentir sincère.