Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/424

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de renards que j’aurais laissé approcher de ma treille. Je reconnus surtout que les plus prodigues de ces discours repentants étaient ceux qui s’attiraient le plus tendre intérêt. Ils étaient de très habiles conteurs, amoureux de la déception, de l’effet, de la phrase (comme le prouvaient leurs histoires et leurs confessions), inspirés aussi par la vanité, surexcités par l’isolement même qui ne leur offrait guère que cette distraction oratoire.

Toutefois, dans le cours de notre inspection, j’entendis si souvent parler d’un certain Numéro Vingt-Sept, qui était le favori et devait être réellement un prisonnier-modèle, que je résolus de suspendre mon jugement jusqu’à ce que j’eusse vu Numéro Vingt-Sept. Numéro Vingt-Huit, à ce que j’appris, était aussi un des astres radieux du pénitentiaire, qui n’avait qu’un malheur, le malheur d’avoir son éclat un peu éclipsé par le lustre extraordinaire de Numéro Vingt-Sept. On m’avait tant vanté Numéro Vingt-Sept, ses pieuses exhortations à tous ceux qui l’environnaient et les belles lettres qu’il écrivait sans cesse à sa mère pour la convertir, que je devins tout-à-fait impatient de le voir.

Il me fallut contenir mon impatience pen-