Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/447

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je puisse vous en offrir ; si vous avez un poids sur le cœur, que je puisse essayer de l’alléger. Pour qui pourrais-je vivre, Agnès, si ce n’était pour vous. 

» — Oh ! grâce ! Je ne suis plus moi-même… Une autre fois !… »

Telles furent les uniques paroles que je pus distinguer dans sa réponse.

Étais-je donc égaré par une erreur de mon égoïsme, ou, une fois que l’espérance m’avait lui, le secret d’Agnès m’intéressait-il plus que je n’avais osé le penser d’abord ? J’insistai.

« — Non, Agnès, il m’est impossible de vous laisser ainsi !… Pour l’amour du ciel, Agnès, ne nous méprenons pas l’un sur l’autre ; après tant d’années écoulées, après tout ce qui s’est passé depuis que nous nous connaissons, je dois vous parler clairement. Si vous supposez que je puisse envier à un autre le bonheur que vous lui apporterez, que je ne saurai pas me résigner à vous voir choisir un protecteur qui vous sera plus cher que moi, que je ne me contenterai pas d’être le témoin respectueux et satisfait de votre vie heureuse, vous avez tort : je ne mérite pas ce soupçon. Je n’ai pas tout-à-fait souffert en vain ; vous ne m’avez pas en vain instruit par votre exemple. Il n’est