Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/448

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pas le moindre alliage d’égoïsme dans ce que je sens pour vous. »

Elle était devenue plus calme, et bientôt, encore pâle toutefois, elle se tourna vers moi et me dit :

« — Je dois à votre amitié pure pour moi, à votre amitié dont je ne doute pas, Trotwood… de vous déclarer que vous êtes dans l’erreur. Je ne puis faire davantage. Si, quelquefois dans ma vie, j’ai eu besoin de secours et de conseils, ni conseils ni secours ne m’ont manqué ; si j’ai été quelquefois malheureuse… je ne le suis plus ; si j’ai eu un poids sur le cœur… il est devenu bien léger ; si j’ai un secret, ce n’est pas… un secret nouveau… et ce n’est pas… ce que vous supposez. Je ne puis le révéler ni le partager. Il est à moi seule depuis long-temps, et il doit rester à moi. 

» — Agnès ! arrêtez… un moment ! »

Elle se retirait, mais je la retins. — « Dans le cours de ma vie. Ce secret… ce n’est pas un secret nouveau ! » — De nouvelles idées, de nouvelles espérances, traversaient mon esprit…

L’avenir m’apparaissait tout autre. « — Ma chère Agnès ! vous que je respecte et honore… vous que j’aime d’un amour si dévoué ! Quand je suis venu ici aujourd’hui,