Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/449

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je croyais que rien ne m’arracherait cet aveu… je croyais que je l’aurais gardé dans mon cœur jusqu’aux jours de ma vieillesse. Mais, Agnès, si, en effet, je puis me bercer de l’espérance qu’il m’est encore possible de vous donner un nom plus doux, plus tendre que le nom de sœur… »

Ses larmes coulèrent ; mais ce n’était plus comme celles qu’elle avait versées le moment d’auparavant, et je vis à travers ses larmes briller mon espérance.

« — Agnès ! toujours mon guide et mon meilleur appui ! si vous aviez été plus occupée de vous-même que de moi lorsque nous grandissions ici ensemble, je crois que ma vagabonde imagination ne se serait jamais égarée loin de vous. Mais vous étiez si supérieure à moi, vous m’étiez si nécessaire dans toutes les espérances et les déceptions de ma première jeunesse, que l’habitude de vous prendre pour confidente et de compter sur vous en toute circonstance, devint ma seconde nature… L’amitié supplanta ainsi mon premier sentiment, sentiment plus tendre que cette amitié même… l’amour que j’éprouve pour vous ! »

Nouvelles larmes… larmes de joie… et moi je l’embrassai, je la tins pressée sur mon