Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/450

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cœur… comme j’avais, le matin encore, désespéré de pouvoir jamais le faire.

« — Quand j’aimai Dora… et je l’aimai tendrement, Agnès, vous le savez… 

« — Oui, » s’écria-t-elle… « je suis ravie de vous l’entendre dire.

» — Quand je l’aimai… alors même mon amour eût été incomplet sans votre sympathie ; vous me l’accordâtes, et je m’y abandonnai tout entier. Quand je la perdis, Agnès, que serais-je devenu sans vous ? »

En parlant je la tenais encore embrassée ; je sentais son cœur battre contre le mien et sa main tremblante sur mon épaule ; je la voyais me sourire à travers ses larmes.

« — Je partis, chère Agnès, en vous aimant, je demeurai loin de mon pays en vous aimant, je revins en vous aimant ! »

Je voulus alors lui raconter les luttes de mon cœur et la résolution que j’avais formée ; j’essayai de tout lui révéler, de me montrer à elle avec toute la sincérité de mes sentiments. Elle sut quelle espérance j’avais étouffée, quelle résignation s’était imposée mon amour, quel sacrifice je venais faire ce jour-là même, fidèle à mon dévouement. Si elle m’aimait de son côté, si elle consentait à me