Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/451

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donner sa main, je n’étais digne d’un tel bonheur que par la victoire que j’étais parvenu à remporter sur ma passion même… Ma chère Agnès, pendant que je me révélais ainsi à toi, je crus voir l’âme de ma femme-enfant me sourire par tes yeux, m’encourager et m’approuver, bien sûre que le tendre culte de sa mémoire serait toujours sacré pour Agnès et pour moi.

« — Je suis si heureuse, Trotwood ; mon cœur est si plein de son bonheur… et cependant il est quelque chose que je dois dire. 

» — Ma bien-aimée, parlez ! »

Elle posa ses deux mains sur mes épaules, me regarda avec son calme céleste, et me dit :

« — Devinez-vous ce que c’est ? 

» — Je ne veux pas le deviner ; je veux que vous me le disiez, mon Agnès !

» — Eh bien ! c’est que… je vous ai toujours aimé ! »

Ah ! nous étions heureux… nous étions heureux ! nous pleurions, mais ce n’était pas sur les épreuves par lesquelles nous avions passé (les siennes plus pénibles que les miennes). Non ! nos larmes étaient les larmes de notre bonheur… être ainsi unis pour ne plus nous séparer !