Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/452

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À la nuit tombante nous allâmes nous promener, Agnès et moi, dans la campagne. La sérénité de nos âmes semblait partagée par l’air glacé de cette soirée d’hiver. La nuit s’était étoilée, et, levant les yeux ensemble, nous remerciâmes Dieu de nous avoir conduits à cette douce félicité.

Rentrés à la maison gothique, nous nous assîmes dans l’embrasure de notre fenêtre favorite. La lune brillait ; Agnès la contemplait ; mon regard suivait le regard d’Agnès. Devant ma pensée se déroula la longue route de Londres à Douvres, et j’y aperçus un enfant harassé de fatigue, presque nu, abandonné de tous… Cet enfant devait un jour sentir battre contre son cœur le cœur d’Agnès.

Le lendemain, l’heure du dîner allait sonner quand nous parûmes chez ma tante. Peggoty nous dit qu’elle était dans mon cabinet… C’était son orgueil de tenir ce cabinet toujours en ordre pour moi. Nous la trouvâmes là près du feu.

« — Bonté du ciel ! » s’écria ma tante en nous apercevant, « que m’amenez-vous ici ? 

» — Agnès ! » répondis-je.

Comme nous étions convenus de ne rien dire d’abord, ma tante ne fut pas peu décon-