Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/459

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sait du bien d’écouter la voix de sa vieille amitié, écho vivant de quelques-uns de mes souvenirs les plus tristes et aussi les plus doux.

« — J’avouerai, » dit M. Daniel Peggoty, « que c’est beaucoup d’eau à traverser que de venir de l’Australie en Angleterre pour n’y demeurer que quelques semaines. Mais l’eau, surtout l’eau salée, est comme mon élément, et puis, je pensais aux amis au milieu desquels je me retrouve en ce moment… élémentmoment ! j’ai fait des vers sans le savoir, peut-être, car cela rime, n’est-ce pas ? 

» — Et retournez-vous donc si tôt en Australie ? » demanda Agnès, charmée de cette gaîté du vieillard. 

» — Oui, Madame ; je l’ai promis à Émilie avant de m’embarquer. Vous voyez que je n’ai pas rajeuni en prenant des années, et il était temps de faire ce voyage, ou il aurait été bientôt trop tard pour l’entreprendre ; mais je m’étais toujours promis de venir voir M. Davy et sa charmante femme dans le bonheur de leur ménage, avant que je fusse devenu trop vieux. »

Il nous souriait avec sa cordialité, — Agnès écarta quelques boucles de ses cheveux blancs qui lui tombaient sur les yeux.