Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/461

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voulus pas moi-même l’apprendre encore à Émilie, tant elle était triste déjà, tant je craignais que ce ne fût un coup trop cruel pour elle ; mais comme nous eûmes des malades à bord, elle en prit soin, et puis il y avait les enfants de nos compagnons d’émigration… elle en prit soin aussi. Cette distraction, celle de faire du bien, la soutint pendant la traversée. 

» — Et quand l’apprit-elle ? 

» — Je n’avais encore parlé de rien un an après, » dit M. Daniel Peggoty. « Nous habitions alors une retraite solitaire, au milieu des plus beaux arbres et des rosiers grimpants de ce pays, qui couronnaient de leurs guirlandes le faîte de notre cabane. Pendant que j’étais à travailler dans les champs, vint un voyageur du comté de Norfolk, en Angleterre. Nous lui fîmes, comme de juste, l’accueil hospitalier qu’on ne refuse d’ailleurs à personne dans la colonie. Il avait un vieux journal et un récit imprimé de la tempête de Yarmouth. Voilà comment Émilie en eut la première nouvelle. Quand je rentrai le soir, je trouvai qu’elle savait tout. »

Il prononça ces derniers mots d’une voix triste et avec cette grave tristesse qu’expri-