Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/462

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mait autrefois sa belle tête quand il était malheureux.

« — Et quel fut l’effet de cette nouvelle sur Émilie ? » demandâmes-nous. 

» — Elle en fut long-temps, très long-temps affectée, » dit-il, « quoique aujourd’hui elle soit tout-à-fait remise de cette longue émotion : la solitude finit par lui faire du bien, — la solitude avec les occupations de notre ferme ; car elle se mêle de tout, elle conduit tout elle-même. Vous ne reconnaîtriez peut-être plus mon Émilie à présent, M. Davy ?

» — Est-elle si changée ?

» — Je ne sais trop, parce que je la vois tous les jours ; mais quelquefois je le pense. Vous verriez une femme mince, aux traits délicats, dont les yeux bleus sont toujours tendres, portant la tête un peu penchée, parlant d’une voix calme, presque timide… Telle est Émilie, » ajouta-t-il en regardant la flamme de la cheminée, comme si sa nièce chérie avait été évoquée par ce tendre souvenir.

Nous l’écoutions en silence.

« — Les uns pensent, » poursuivit-il, « qu’elle eut une affection malheureuse, les autres qu’elle allait se marier quand la mort