Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/477

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d’un madras roulé autour de sa tête, pour lui servir son thé dans son boudoir. Mais Julia ne tient plus de journal, ne chante plus la romance du chant de mort de l’amour ; elle se querelle sans cesse avec son vieux Crésus écossais, sorte d’ours au teint jaune ; Julia est plongée dans l’or jusqu’au menton, elle ne parle plus que d’or, ne pense plus à autre chose. Je l’aimais mieux dans le désert de Sahara.

Ou peut-être est-ce là le vrai désert de Sahara ! car vainement Julia possède une riche maison, vainement elle reçoit nombreuse compagnie et donne tous les soirs de somptueux dîners, je n’aperçois autour d’elle aucune verdure, rien qui puisse aboutir à un fruit ou à une fleur.

Moi aussi je vois ce que Julia appelle « la société ; » j’y rencontre M. Jack Maldon, qui conserve sa place lucrative, raillant la main qui la lui fit donner, et me parlant du docteur Strong comme d’une charmante antiquaille. Ah ! si la société est ce rendez-vous de messieurs et de dames à la tête vide, si la bonne éducation consista à affecter l’indifférence pour tout ce qui peut avancer ou retarder les progrès de la race humaine, je crois, Julia,