Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/8

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un buffet de forme antique ; elle me tendit ses maigres et froides phalanges de la main droite, avec un air de sévérité qui me rappela une autre époque ; M. Spenlow ferma la porte, et, debout devant la cheminée dit à Miss Murdstone :

« — Ayez la bonté, Miss Murdstone, de montrer à M. Copperfield ce que vous avez dans votre réticule. »

Je crois que c’était le même sac à fermoir qu’elle avait chez ma mère : elle l’ouvrit en se pinçant les lèvres, et en tira ma dernière lettre à Dora, lettre brûlante de mes expressions de dévouement et d’adoration.

« — Je crois que c’est votre écriture, M. Copperfield ? » dit M. Spenlow.

Je sentis comme un accès de fièvre ardente, et répondis d’une voix qui ne me parut plus être la mienne :

« — Oui, Monsieur.

» — Si je ne me suis pas trompé, » ajouta M. Spenlow tandis que Miss Murdstone amenait du fatal réticule tout un paquet d’épîtres nouées ensemble par le plus joli des rubans bleus, « ces lettres sont encore à vous. »

Je pris tristement le paquet des mains de Miss Murdstone, et, donnant un coup d’œil à