Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/89

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Pendant cette succession rapide du printemps et de l’été, de l’automne et de l’hiver, rien n’a changé dans la maison des deux demoiselles-oiseaux. La pendule tinte sur la cheminée, le baromètre reste suspendu dans le vestibule ; pendule et baromètre ne marquent correctement ni les heures ni les variations de l’atmosphère, mais nous n’en croyons pas moins dévotement à l’un et à l’autre.

Je suis parvenu légalement à l’âge d’homme : j’ai mes vingt-un ans accomplis. Mais c’est une dignité qui peut être acquise sans qu’on fasse rien pour cela. Voyons ce que j’ai acquis par mes propres efforts.

J’ai enfin le secret de cet art difficile du sténographe. Je me fais, par ce moyen, un honnête, revenu. Je suis renommé par mon habileté, et, avec la collaboration de onze de mes confrères, je traduis les débats du Parlement pour un journal du matin. Chaque nuit de la semaine je recueille et rédige des prédictions qui ne s’accomplissent jamais, des professions de foi dont on ne tient pas compte, des explications qui n’ont d’autre but que de mystifier. Je nage dans les mots ; je suis trop derrière la coulisse pour ne pas sa-