Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/96

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licité suprême… n’importe, je n’y crois pas ; je ne puis me recueillir, ni raisonner mes émotions : je me sens dans un nuage, comme si, depuis huit jours au moins, je m’étais levé de bonne heure et je ne m’étais plus remis au lit. Je ne saurais dire quel jour était hier : il me semble qu’il y a plusieurs mois que j’ai ma licence dans la poche.

Le lendemain, nous allons tous ensemble voir la maison… notre maison… la maison de Dora et la mienne ; mais il m’est impossible de m’y regarder comme le maître. Je m’imagine rester là par la permission de quelqu’un autre ; j’attends presque que le vrai maître va rentrer et me dire : « Je suis enchanté de vous voir. » Quoi, ce serait à moi cette jolie petite maison, où tout est si brillant et neuf, avec ses tapis à fleurs, ses frais papiers de tenture, ses rideaux de mousseline blancs comme neige, ses meubles couleur de rose, sur l’un desquels Dora a déposé son chapeau, de jardin, un chapeau à rubans bleus comme celui qu’elle portait la première fois que je la vis… Mais voilà aussi sa guitare dans son étui et la pagode de Jip.

Une autre soirée de bonheur, ou une autre phase de mon rêve… et Dora m’a laissé seul avant que je parte. Je suppose qu’on n’a pas