Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est arrivé à l’un de mes compatriotes. Il est seul ; mon ami que voilà et moi, nous n’avons pas d’autre alternative que de nous rendre auprès de lui et de le secourir. Que puis-je vous dire pour m’excuser ? Comment vous dépeindre mon désappointement de me voir ainsi privé de l’honneur de votre compagnie ?…

Il s’arrêta avec l’espérance visible que Vendale allait prendre son chapeau et se retirer. Mais celui-ci croyait enfin avoir saisi l’occasion d’un tête-à-tête avec Marguerite.

— Je vous en prie, — dit-il, — ne vous désolez pas si fort. J’attendrai ici votre retour avec le plus grand plaisir.

Marguerite rougit vivement et alla s’asseoir devant son métier à tapisserie dans l’embrasure de la croisée. Les yeux d’Obenreizer se couvrirent de leur nuage, un sourire quelque peu amer passa sur ses lèvres. Dire à Vendale qu’il n’espérait point rentrer de bonne heure, c’eût été risquer d’offenser un homme dont la bienveillance lui était d’une importance commerciale sérieuse. Il accepta donc sa défaite avec la meilleure grâce possible.

— À la bonne heure ! — s’écria-t-il, — que de franchise !… que d’amitié !… Comme c’est bien Anglais, cela !

Il s’agitait fort, ayant l’air de chercher autour de lui un objet dont il avait apparemment besoin. Il disparut un moment par la porte qui s’ouvrait sur la pièce voisine, revint avec son chapeau et son paletot, annonça qu’il rentrerait aussitôt qu’il le pourrait,