Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/135

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— Qui sait ? — se disait-il, — je peux très bien avoir mal lu sur la physionomie de cet homme.

Le temps s’écoula de nouveau. Les heureuses soirées passées avec Marguerite s’enfuyaient plus promptes. Le dixième jour était encore une fois arrivé depuis l’envoi de la seconde lettre de Vendale à Neufchâtel. La réponse vint.

» Cher Monsieur,

» Notre principal associé, M. Defresnier, a été forcé de se rendre à Milan pour des affaires très-urgentes. En son absence et avec son entière participation et son aveu, je vous écris de nouveau relativement à ces cinq cents livres disparues.

» Votre déclaration que le faux reçu a été fait sur un modèle imprimé et numéroté nous a causé une surprise et un chagrin inexprimables. À l’époque où cette fraude a été commise, il n’existait que trois clefs ouvrant le coffre-fort où nos modèles sont renfermés. Mon associé avait une de ces clefs, j’en avais une autre, la troisième était aux mains d’une personne qui occupait alors chez nous un poste de confiance ; nous aurions plutôt songé à nous accuser nous-mêmes qu’à élever aucun soupçon contre cette personne. Et cependant…

» Je ne puis aller jusqu’à vous dire pour le moment qui est cette personne ; je ne vous le dirai point tant que je verrai l’ombre d’une chance pour elle de se tirer avec honneur de l’enquête que nous allons commencer. Pardonnez-moi cette réserve, car le motif en est louable.

» Le genre d’investigations que nous allons poursuivre est fort simple. Nous ferons comparer notre reçu par des experts avec quelques spécimens d’écriture que nous avons en notre possession. Je ne puis vous adresser ces spécimens pour de certaines raisons que vous approuverez certainement lorsqu’elles vous seront connues. Je vous prie donc de m’envoyer le reçu à Neufchâtel ; et je fais suivre cette prière de quelques mots indispensables pour vous mettre sur vos gardes.

» Si la personne sur laquelle nous faisons à regret placer nos soupçons est réellement celle qui a commis le faux, nous avons