Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/158

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des haquets se mit en marche. Les voituriers saluaient Obenreizer en passant.

— Quelles sont ces gens ? — demanda Vendale.

— Ce sont nos voituriers ; ceux de Defresnier et Cie. Ce sont nos fûts ! C’est notre vin !

Il se mit à fredonner une chanson et alluma un cigare.

— J’ai été pour vous une triste société aujourd’hui, — fit Vendale, — je ne m’explique point ce qui m’est arrivé.

— Vous n’avez pas dormi la nuit dernière, — fit Obenreizer, — et sous un tel froid, quand on a été privé de sommeil, le cerveau se congestionne aisément. J’ai souvent été témoin de ce phénomène… En somme, je crois que nous aurons fait ce voyage pour rien.

— Comment, pour rien ?

— Les gens que nous allons chercher sont à Milan. Vous savez que nous avons deux maisons, l’une de vins, à Neufchâtel, l’autre à Milan, pour le commerce des soieries. Eh bien, la soie étant, en ce moment, bien plus demandée que les vins, Defresnier a été mandé en Italie. Rolland, son associe, est tombé malade, depuis son départ, et les médecins ne lui permettent de recevoir aucune visite. Vous trouverez à Neufchâtel une lettre qui vous attend pour vous apprendre tout ceci. Je tiens ces détails de notre principal voiturier avec qui vous m’avez vu causer. Il a été surpris de vous voir, et m’a dit qu’il avait mission de vous avertir, s’il vous rencontrait. Que voulez-vous faire ? Retournons-nous sur nos pas ?