Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/195

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allait s’ouvrir à huit heures du soir, et personne, Obenreizer excepté, n’en saurait rien.

— Je n’ai point vu remuer ces boîtes, — dit Maître Voigt. — Vos chagrins, mon fils, vous ont ébranlé les nerfs. Vous avez vu l’ombre projetée par le vacillement de ma bougie. Ou bien encore quelque pauvre petit coléoptère qui se promène au milieu des secrets du vieil homme de loi… Écoutez ! J’entends votre camarade, l’autre clerc dans l’étude. À l’ouvrage ! Posez aujourd’hui la première pierre de votre nouvelle fortune !

Il poussa gaiement Obenreizer hors de la chambre noire ; avant d’éteindre sa lumière, il jeta un dernier regard de tendresse sur son horloge, — un regard qui ne s’arrêta pas sur le régulateur, — et referma la porte de chêne derrière lui.

À trois heures, l’étude était fermée. Le notaire, ses employés, et ses serviteurs se rendirent au tir à la carabine. Obenreizer, pour s’excuser de les accompagner, avait fait entendre qu’il n’était point d’humeur à assister à une fête publique. Il sortit, on ne le vit plus ; on pensa qu’il faisait au loin quelque promenade solitaire.

À peine la maison était-elle close et déserte, qu’une garde-robe s’ouvrit, une garde-robe reluisante, qui donnait dans le cabinet reluisant du notaire. Obenreizer en sortit. Il s’approcha d’une croisée, ouvrit les volets, s’assura qu’il pourrait s’évader, sans être aperçu par le jardin, rentra dans sa chambre, et s’assit dans le fauteuil de Maître Voigt. Il avait cinq heures à attendre.