Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/215

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En vérité Madame Dor était gantée d’une paire de gants qui étaient à elle. Elle ne levait plus les bras au ciel, mais elle les avait jetés tous les deux autour du cou de la mariée ; le reste de l’assistance devait se contenter de la vue de son large dos jusqu’à la fin.

— Mon amour, ma beauté, — soupirait la bonne dame, — pardonnez-moi d’avoir jamais pu être sa chatte.

— Sa chatte, Madame Dor ? — répéta Marguerite au comble de l’étonnement.

— Eh ! oui, sa chatte, ma mignonne, car j’étais chargée de surveiller la charmante petite souris…

Et cette explication originale de son ancienne soumission à Obenreizer ne sortit de la bouche de Madame Dor qu’avec un cruel sanglot.

— Madame Dor, vous avez été toujours notre meilleure amie… George, dites-le-lui donc, que nous la regardons comme notre amie !

— Sûrement, ma chérie, que serions-nous devenus sans elle ?

— Vous êtes tous les deux si généreux et si bons ; — s’écria la vieille Suissesse repentante.

Puis revenant à son idée :

— C’est égal, — dit-elle, — j’ai été sa chatte !…

— Oui, mais comme la chatte des contes de fées, ma bonne Madame Dor, — dit Vendale en l’embrassant sur les deux joues. — Vous êtes une femme loyale et franche, et la sympathie que vous aviez pour les deux pauvres amoureux au supplice a été aussi franche que votre cœur.