Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/48

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aimé la pauvre femme qui est là (elle montrait à son tour le portrait), aussi fortement qu’on aime sa mère et qu’elle a eu pour moi la même tendresse que si j’avais été son fils. Tout ce qu’elle vous a donné, n’est-ce pas en raison de son affection même ? Son cœur ne s’est jamais démenti envers vous durant sa vie ; le vôtre, j’en suis bien sûre, ne se démentira jamais envers elle. Quel meilleur droit pouvez-vous avoir à conserver ses présents ?…

— Arrêtez ! — s’écria Wilding.

Sa probité native lui faisait voir le charitable sophisme que lui opposait Madame Goldstraw pour le consoler.

— Vous ne comprenez pas, — reprit-il ; — c’est parce que je l’ai aimée que mon devoir maintenant est de faire justice à son fils. Un devoir sacré, Madame Goldstraw. Oh ! si ce fils est encore au monde, je le retrouverai. Je succomberais, d’ailleurs, dans cette terrible épreuve, si je n’avais la ressource et la consolation de m’occuper tout de suite activement de ce que ma conscience me commande de faire. Il faut que je cause sans retard avec mon homme de loi. Je veux l’avoir mis à l’œuvre avant de m’endormir ce soir.

Il s’approcha d’un tube attaché à la muraille, et par ce moyen appela quelqu’un dans le bureau de l’étage inférieur.

— Veuillez me laisser un moment, Madame Goldstraw, — dit-il, — je serai plus calme et plus en état de causer avec vous dans l’après-midi ! nous nous plairons ensemble, j’en suis sûr, en dépit de ce qui