Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/63

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et ce brouillard éternel lui donnait un air fatigant d’attention qui ne s’adressait pas seulement à la personne qu’il écoutait parler, mais au monde entier, à lui-même, à ses propres pensées, celles du moment et celles qui allaient naître. C’était comme une sorte de vigilance inquiète, soupçonneuse, qu’il exerçait en lui, autour de lui, et qui ne se lassait jamais.

À ce moment de la conversation, Obenreizer tira son voile sur ses yeux.

— Le but de ma visite actuelle, — dit Vendale, — il est vraiment superflu de vous le dire, c’est de vous assurer de la bonne amitié de Wilding et Co., et de la solidité de votre crédit sur nous, ainsi que de notre désir de pouvoir vous être utiles. Nous espérons, avant peu, vous offrir une cordiale hospitalité. Pour le moment les choses ne sont pas tout à fait en ordre chez nous. Wilding s’occupe à réorganiser la partie domestique de notre maison ; il est, d’ailleurs, empêché par quelques affaires personnelles. Je ne crois pas que vous connaissiez Wilding.

— Je ne le connais pas.

— Il faudra donc faire connaissance. Wilding en sera charmé. Je ne crois pas que vous soyez établi à Londres depuis bien longtemps, Monsieur Obenreizer ?

— C’est tout récemment que j’ai installé cette agence.

— Mademoiselle votre nièce n’est-elle… n’est-elle pas mariée ?

— Elle n’est pas mariée.

George Vendale jeta un regard autour de lui comme