Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/66

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guerite l’hommage du pèlerin, lorsqu’après un long voyage, il arrive enfin devant le saint et devant l’autel.

Obenreizer s’assit à son tour au milieu de la chambre, les pouces dans les poches de son gilet ; il devenait nuageux, Obenreizer.

— Savez-vous, mademoiselle, ce que votre oncle me disait à l’instant ? — commença Vendale : — Que le monde est si petit, si petit, que les anciennes connaissances s’y retrouvent toujours et qu’on ne peut s’éviter. Pour moi, le monde me semblait trop vaste depuis que je vous avais vue pour la dernière fois.

— Avez-vous beaucoup voyagé depuis quelque temps ? — lui demanda Marguerite. — Êtes-vous allé bien loin ?

— Pas très-loin. Je n’ai fait qu’aller chaque année en Suisse… J’ai souhaité bien des fois que ce tout petit monde fût encore plus petit, afin de pouvoir rencontrer plus tôt d’anciens compagnons….

La jolie Marguerite rougit et lança un coup d’œil du côté de Madame Dor.

— Mais vous nous avez retrouvés à la fin, Monsieur Vendale, — murmura-t-elle. — Est-ce pour nous quitter de nouveau ?

— Je ne le crois pas. La coïncidence étrange qui m’a permis de vous revoir m’encourage à espérer qu’il n’en sera rien.

— Quelle est cette coïncidence ?

Cette simple phrase, dite avec l’accent du pays et certain ton ému et curieux, parut bien séduisante à George Vendale. Mais, au même instant, il surprit un nouveau regard furtif de Marguerite à l’adresse de