Page:Dickens - La Petite Dorrit - Tome 2.djvu/183

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Dieu sait qu’une demi-couronne par jour c’était bien peu pour une ouvrière aussi habile… et quant à voir là quelque chose de dégradant, bien au contraire… toute peine mérite salaire… et plût à Dieu que l’ouvrier l’obtînt plus avantageux, avec une nourriture animale plus abondante et moins de rhumatismes dans le dos et les jambes.

— Madame, dit M. Dorrit respirant avec effort, tandis que la veuve de M. Finching s’arrêtait pour reprendre haleine, madame, répéta M. Dorrit le teint très-animé, si je dois comprendre que vous faites allusion ha !… aux antécédents de… hem !… une de mes filles, impliquant… ah ! hem !… une compensation journalière, je m’empresse, madame, de vous faire remarquer que ce… ah !… fait, admettant que ce soit un… ah !… fait, n’est jamais arrivé à ma connaissance. Hem ! je ne l’aurais pas souffert. Ah ! jamais ! jamais !

— Inutile d’appuyer là-dessus, reprit Flora, et pour rien au monde je n’en aurais parlé, si ce n’est parce que je supposais que cela me servirait de lettre de recommandation à vos yeux, faute de pouvoir m’en procurer une autre… mais quant à être un fait, il ne peut y avoir le moindre doute à cet égard, vous pouvez être tranquille ; la robe que je porte sur moi en est la preuve et elle est faite à ravir, bien que je ne puisse nier qu’elle ferait encore plus d’effet sur une taille plus svelte que la mienne, qui est beaucoup trop forte ; mais je ne sais plus à quel saint me vouer pour la dégrossir… pardonnez-moi, je m’écarte encore du sujet de ma visite. »

M. Dorrit se recula vers sa chaise d’un air pétrifié et s’assit, tandis que Flora lui lançait un coup d’œil attendrissant et jouait avec son parasol.

« La chère petite, reprit la veuve, était partie toute pâle et glacée de ma maison ou du moins de la maison de mon père… car, bien qu’elle ne lui appartienne pas, il a un long bail avec un loyer purement nominal… le matin où Arthur… (folle habitude de nos jeunes années ; il serait beaucoup plus convenable, vu les circonstances actuelles, de dire M. Clennam, surtout en m’adressant à un étranger d’un rang élevé)… lui communiqua l’heureuse nouvelle qu’il tenait d’une personne du nom de Pancks… c’est là ce qui m’a encouragé à venir. »

En entendant ces deux noms, M. Dorrit fronça les sourcils, ouvrit de grands yeux, fronça de nouveau les sourcils, porta à ses lèvres ses doigts indécis, comme il avait coutume de le faire dans le temps jadis et dit :

« Faites-moi le plaisir de… ah !… m’apprendre ce que vous désirez de moi, madame ?

— Monsieur Dorrit, répondit Flora, vous êtes bien aimable de m’accorder cette permission ; il est très-naturel d’ailleurs que vous vous montriez aimable, car bien que vous soyez un peu plus roide, la ressemblance me frappe… Mlle Dorrit a la figure plus pleine…